Les oies sauvages

 

LES OIES SAUVAGES

C’est un matin de novembre. Le froid est vif, il a gelé. Le ciel est d’un bleu pur. Ce sont leurs cris qui attirent mon attention : les oies sauvages passent au dessus de la ville.

Aussitôt, je n’entends plus rien que ces cris, comme des plaintes émouvantes remplissant l’atmosphère. Je ne vois plus rien que ce groupe d’une trentaine de membres, semblable à une flèche lancée vers le sud par un arc invisible, se construisant et se disloquant en alternance.

Et moi, sous le bât de mes habitudes, j’envie l’instinct seul qui les porte.

Et moi, prisonnier consentant de ma ville, j’envie leur liberté.

Moi, obnubilé par les obligations de la vie, j’admire la force insouciante qui les anime.

Et moi, pauvre petit point posé par terre, mais riche de conscience en cet instant, les sens entièrement orientés vers ce ciel, je me permets de croire qu’elles ne passent pas par hasard au dessus de mon jardin, ni qu’elles n’appellent par hasard à ce moment ; et avant qu’elles disparaissent de ma vue, je pense : Vous êtes fragiles mes amies, prenez garde à vous.  Et je leur dis : Revenez-nous vite