Le visiteur

 

À droite, le soleil tape en silence sur le chapeau du promeneur.

 

À gauche, l’ombre de l’homme heurte l’ombre des arbres, sans s’arrêter.

 

Sous chaque pas, sur ce sentier tout droit, les feuilles crient leur douleur, déjà mortes pourtant.

 

Dans l’ombre du chapeau, des yeux absents avalent sans sourciller la beauté de ce lieu, sous le regard sans yeux des arbres de cent ans.

 

Ses oreilles s’émerveillent du silence de l’endroit, où mille cœurs battent, effrayés par ses pas.

 

La silhouette avance, sans marquer de repos, sous la futaie qui balance vers le haut ses bras légers de danseuse de flamenco.

 

La créature soudain s’arrête. Une chenille verte agonise sous son pied. Un papillon jaune est posé sur le bord de son chapeau. D’un geste interminable, une main, suivie d’un bras, plonge dans la poche profonde du duffel-coat pour en extraire un boîtier noir, peut-être un appareil photo ?

 

Le silence est religieux, et la forêt majestueuse offre une image éternelle à son visiteur.

 

L’homme approche l’objet de son visage :

« ALLO ! BONJOUR CHER AMI !

- (…)

- OUI ! L’USINE SERA TRÈS BIEN ICI ! NOUS SIGNONS DEMAIN ! »